De Tours à Bordeaux en planeur, en 1949

L’Aéro-Club de Touraine n’a pas attendu longtemps après la fin de la guerre pour obtenir le prêt d’un planeur. Un C-800 est arrivé le 21 décembre 1945. Sous l’impulsion d’Albert Carraz, la section vol à voile va rapidement se développer. Quelques années et quelques planeurs plus tard, un jeune du club illustre bien cette vitalité.

Guy Gagnière.

En août 1949, Guy Gagnière, qui demeure rue d’Entraigues, à Tours, est un jeune vélivole mais n’est pas un débutant. Il possède déjà ses brevets de pilote d’avion 1er degré (octobre 1947) et 2e degré (janvier 1948, quelques jours avant ses 18 ans). Côté vol à voile, il a déjà effectué une sortie à haute altitude, sur un Nord 2000, le 24 juillet, atteignant 3.156 m. Le mois suivant, il relie Tours à Bordeaux, toujours sur le Nord 2000 de l’Aéro-Club de Touraine. Il en a fait le récit dans la Nouvelle République du 5 septembre 1949.

Le récit

« Le 13 août, à 11 h 30, je décolle derrière le Morane 315 piloté par M. Carraz. Largué à 700 m , un peu avant Monnaie, je monte jusqu’à 1.000 mètres, base des nuages. Aussitôt, je mets le cap sur le Sud, je survole le terrain puis Tours sans perdre d’altitude. Peu après, la descente commence et c’est à 650 mètres que je me retrouve au-dessus du Ruchard, à la recherche d’un thermique qui me permettra de reprendre de l’altitude. Je repère un nuage qui me semble grossir à vue d’œil. Je me dirige vers lui et c’est jusqu’à 1.200 mètres que je monte.

« Je poursuis mon voyage avec des alternatives de montées et de descentes jusqu’à la droite de Poitiers où je me retrouve sans carte. Je dérivais nettement vers l’ouest et en dehors des limites de ma carte. Il est maintenant 13 h 45 et j’ai effectué les 100 km qui séparent Tours de Poitiers à 80 km/h de moyenne.

« C’est ensuite un voyage sans histoire jusqu’à Angoulême et Rochefort et c’est dans un beau ciel tout bleu que je cherche le thermique qui me permettra de reprendre de l’altitude, afin de continuer mon vol. Un peu à ma gauche, j’aperçois un Émouchet qui spirale et semble prendre de la hauteur. Je mets le cap dans sa direction, et c’est la montée brutale en l’espace de quelques secondes, jusqu’à 1.650 m, point culminant de mon vol. Je me situe au sud–sud-est de Rochefort.

« J’atteins bientôt la Gironde et suis bien embarrassé car, à cet endroit, elle a 10 à 12 km de large et si je m’aventure au-dessus, c’est la lessive assurée.

« Après réflexion, je longe la Gironde jusqu’au confluent de la Dordogne, étant obligé pour cela de naviguer en dents de scie. C’est au Bec d’Ambez que je la franchis et aperçois au loin Bordeaux et un peu à droite, environ 10 kilomètres, le terrain de Mérignac. Il est alors 16 h 30 et je suis à 800 mètres d’altitude lorsque j’atteins le terrain.

« Je retrouve alors un thermique qui, tout en spiralant, me dérive sur les Landes où je me retrouve à 1.200 mètres qui pourraient me permettre d’atteindre Cazaux. Mais le manque de terrain d’atterrissage dans les Landes en cas de lessivage m’incite à retourner sur Mérignac où je me pose à 16 h 55 entre un DC-4 de la compagnie des Transports Aériens Intercontinentaux qui embarque ses passagers, et la tour de contrôle.

« J’ai effectué ce vol de 300 km en 5 h 30. Une jeep me permet de rentrer l’appareil au hangar et je n’ai qu’à me féliciter de l’accueil reçu au terme de mon voyage. »

A propos Didier Lecoq 89 Articles
Journaliste honoraire. Secrétaire général de la rédaction à la Nouvelle République, à Tours, jusqu'en 2020.

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