Un Bloch 210 de Tours dans les hangars d’Air-Touraine

Le 29 juillet 1939, un Bloch 210 de la 51e escadre manque son atterrissage et vient percuter les hangars d’Air Touraine.

Le Bloch 210 a sérieusement endommagé un des hangars. (@ Aéro-Club de Touraine)

Juste avant la guerre, les hangars qui se trouvaient le long de la route de Paris, n’étaient plus assez grands pour les unités basées à Tours. Au sud du terrain, trois grands hangars métalliques doubles, avaient été construits pour la 31e escadre. La 51e, crée à Tours le 1er avril 1937, s’était installée au nord-est, dans des hangars métalliques doubles qui ont survécu à la Deuxième Guerre mondiale. A droite de ces hangars, quand on leur fait face, se trouvaient l’aérogare civil de Tours et les hangars de l’aéroclub, Air-Touraine.

Le dimanche 29 juillet 1939, un cri jaillit : « Attention, sauvez-vous ». Attiré par le bruit de plus en plus fort de moteurs, l’auteur du sauve-qui-peut venait de découvrir qu’un bimoteur fonçait vers les installations de l’aéro-club. Et vers lui.

A bord du Bloch 210 de la 51e escadre se trouvaient le sous-lieutenant Guimbretière, le sergent-chef Bourdin, le lieutenant Sudres, le caporal-chef Faive et le sergent-radio Le Bigot. Trop long à l’atterrissage – c’est du moins ce que les journaux de Tours avancèrent – le pilote remit les moteurs à plein régime pour reprendre de la hauteur. En vain. Le Bloch chercha à se glisser entre les deux hangars d’Air-Touraine. Son envergure ne le permit pas, chaque bout d’aile vint s’encastrer dans les installations de l’aéroclub.

Le cri de détresse permit de limiter le bilan. Aucun mort et seulement trois blessés légers : l’auteur de l’alerte, Henri, de Cholet, qui profitait de ses vacances à Rochecorbon pour venir à l’aérogare ; Le Boeté, le chef-mécanicien d’Air-Touraine… et le pilote, le sergent-chef Bourdin qui, en s’extirpant de son avion, reçut une tôle sur la tête. Le plus mal en point, en dehors du hangar, était sans doute l’avion.

Le “ Sous-Lieutenant-Rassat ”

Ce Bloch 210 de la Sal 39 codé « 2 » portait le nom de « Sous-Lieutenant-Rassat » (1). Il avait été baptisé, treize mois plus tôt, le 11 juin 1938, au cours d’une cérémonie marquée par la réception du fanion de l’autre escadrille du groupe, la Spa 42, des mains du général Pastier. Lors de cette cérémonie, six avions reçurent le nom d’aviateurs de la Sal 39 morts au combat lors de la Grande Guerre (2) : « Capitaine-Vachon », « Sous-Lieutenant-Rassat », « Aspirant-d’Héricourt », « Sous-Lieutenant-Giacomelli », « Maréchal des logis-Waldman » et « Sergent-Mathieu ».

Le ruban de baptême du Bloch accidenté avait été dévoilé par un ancien compagnon d’armes de Dodi Rassat, le lieutenant André de Baubigny, passé par l’école d’aviation de Tours, venu en voisin de Fresnay-sur-Sarthe. Originaire de Constantine, le sous-lieutenant Dodi Rassat avait trouvé la mort le 30 septembre 1917.

Heureusement, le pilote a pu glisser le nez de son avion entre les deux hangars.
(@ Vincent Lemaire / origine famille Sudres)

C’est avec ce type d’appareil, déjà obsolète, que le 1er septembre 1939, la 51e escadre fit route vers La Perthe, dans l’Aube (près de Sézanne). Elle combattit avec les Bloch 210 les premiers mois de la Drôle de guerre, exécutant surtout des missions de reconnaissance de nuit. Elle les abandonna en décembre 1939, la 51e escadre étant reconvertie sur Breguet 690 (puis ses dérivés).

Le destin avait donné rendez-vous aux deux officiers de cet équipage, le même jour, le 20 mai 1940. Le sous-lieutenant Guimbretière, observateur du capitaine Bernard (sur Breguet 693 n° 65), fut grièvement blessé, vers Arras, par un obus. Sa citation : « Jeune officier observateur plein d’allant. Le 20 mai 1940, au cours d’une mission de bombardement sur des colonnes motorisées ennemies a fait preuve des plus belles qualités d’énergie et de sang froid. Grièvement blessé a continué à remplir sa mission et à seconder efficacement son pilote. »

Le lieutenant Sudres qui avait quitté la 51e escadre pour sa « sœur d’armes », la 31e, trouva la mort le même jour, dans la région d’Amiens, lorsque son LéO 45 (n° 95) percuta un Messerchmitt 109 qui l’attaquait.

Didier Lecoq

En jaune, le chemin qu’a parcouru le Bloch 210. La photo date de la fin 1939.
A propos Didier Lecoq 94 Articles
Journaliste à la retraite. Président d'honneur de la section Centre des journalistes sportifs. Secrétaire général de la rédaction à la Nouvelle République, à Tours, jusqu'en 2020. Sage conseiller à Amboise.

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